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Un prêt vert canado-américain témoigne de l’importance du capital-investissement pour atteindre la carboneutralité
L’an dernier, la société de capital-investissement américaine Frontenac a choisi la HSBC pour financer son acquisition de Newterra, un fournisseur de solutions de traitement des eaux et des eaux usées. Frontenac est ainsi devenue la première société de capital-investissement à recevoir un prêt au Canada en vertu des principes relatifs aux prêts verts1, qui exigent que le produit du prêt soit affecté à des projets durables. La HSBC s’est engagée à fournir entre 750 G$US et 1 000 G$US sous forme de financements et d’investissements pour soutenir des entreprises et des projets verts d’ici 2030. «Le développement durable n’est pas nécessairement incompatible avec des rendements intéressants», explique Ron Kuehl, directeur général de Frontenac.
Les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance d’entreprise (ESG) attirent davantage les sociétés de capital-investissement, en partie en raison de la plus grande importance accordée aux enjeux sociétaux, à la demande accrue des investisseurs et au potentiel de croissance. Les recherches de la HSBC montrent que les sociétés axées sur les changements climatiques ou les facteurs ESG ont surpassé leurs homologues au début de la pandémie de COVID-19. Selon la société de recherche en placement et de gestion de portefeuille Morningstar, 57 de ses 65 indices ESG (88 %) ont surpassé leur indice boursier général équivalent pour la période de cinq ans se terminant à la fin de 20202. Les répondants à un sondage de 2020 mené par Environmental Resources Management auprès de 50 dirigeants de sociétés de capital-investissement estiment que les facteurs ESG offriront d’importantes occasions de création de valeur et de placement au cours des trois à cinq prochaines années3.
Frontenac possède 14 sociétés du marché intermédiaire qui ont toutes mis en place des politiques ESG à divers degrés. «Pour chaque occasion de placement, nous évaluons l’aspect du développement durable et d’autres enjeux ESG, explique M. Kuehl. Notre intérêt pour Newterra s’explique par sa capacité d’offrir des solutions de haute technicité pour répondre aux enjeux complexes du secteur de l’eau. Les infrastructures désuètes, la sensibilisation accrue, la volonté gouvernementale et la demande future inévitable vont stimuler ce secteur pendant de nombreuses années à venir.»
Même si les sociétés cotées en bourse et les grands fonds d’investissement ont officiellement énoncé leurs ambitions de carboneutralité, la plupart des entreprises privées du marché intermédiaire réfléchissent encore à la façon d’y parvenir, explique Jamil Ibrahim, responsable en chef des services aux entreprises et des services aux sociétés de la HSBC pour l’Est de l’Ontario. «Concilier d’une part des objectifs et des stratégies de développement durable et d’autre part le financement nécessaire pour leur mise en oeuvre représente selon nous le principal défi des entreprises du marché intermédiaire», affirme-t-il.
Les coûts, souvent décrits comme un obstacle important à l’atteinte d’une cible de zéro émission nette, constituent un enjeu important. Pourtant, la pression de réfléchir en termes de développement durable va finir par rejoindre les entreprises privées familiales, qui risquent de faire partie de la chaîne d’approvisionnement de grandes entreprises. Dans certains cas, ce n’est pas tant le financement qui fait défaut que la difficulté d’accéder à ce qui est déjà disponible. «L’opération conclue entre la HSBC et Frontenac ouvre un nouveau segment du marché financier canadien aux sociétés de capital-investissement qui s’intéressent aux actifs verts», explique M. Ibrahim.
Toutefois, sans soutien financier ni mesures incitatives, les entreprises sont réticentes à assumer les risques du passage à la carboneutralité. M. Kuehl recommande d’apporter des améliorations progressives et de mettre à profit tous les incitatifs gouvernementaux actuellement disponibles, même si cela oblige à adopter une stratégie à la pièce. Par exemple, plusieurs des entreprises de fabrication de produits alimentaires de Frontenac recyclent leurs propres déchets, une autre élimine ses rejets d’eaux usées et une autre encore utilise l’énergie solaire comme source d’électricité. «Des changements progressifs et des objectifs atteignables sont les premières étapes logiques d’un changement plus significatif, explique M. Kuehl. Ensemble, les gestes en apparence anodins d’un plus grand nombre de petites et moyennes entreprises pourraient avoir des répercussions positives importantes.»