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Au-delà de la COVID-19 : Un secteur en transformation

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Dans le cadre de la conférence Sibos 2021, Noel Quinn, chef de la direction du Groupe à la HSBC, offre ses réflexions sur certains des changements qui devraient révolutionner le secteur des banques et des entreprises au cours des prochaines années.

S’adapter à une crise et planifier l’avenir

Comme bien d’autres grandes entreprises, la HSBC a dû adapter rapidement son modèle d’affaires devant la crise sans précédent de la COVID-19. Selon M. Quinn, le succès et la résilience opérationnelle de la HSBC reposent sur sa capacité de centraliser l’établissement des politiques pour ensuite déléguer les responsabilités en toute transparence dans plus de 64 marchés. «Nous avons tous tiré une leçon importante de la COVID-19, à savoir que dans l’adversité nous pouvons accomplir des choses qui auraient été impossibles dans un marché normal», explique M. Quinn. M. Quinn souligne par exemple que la HSBC a prêté 41 G$US à des entreprises au cours des huit premières semaines de 2020, permettant à certaines qui étaient en difficulté de surmonter leurs problèmes de liquidité au plus fort de la crise. Ces prêts ont été consentis tandis que la plupart des employés de la HSBC travaillaient à distance et ne pouvaient rencontrer les clients en personne. Ailleurs, des transformations numériques d’envergure – en particulier l’élaboration de sites Web de première ligne permettant aux clients de demander des moratoires, du soutien gouvernemental ou de l’aide à la restructuration – ont été mises en œuvre en l’espace d’une semaine – un processus qui prend habituellement plusieurs mois, selon M. Quinn. Par suite de la COVID-19, de nombreuses banques ont établi en matière d’exécution une nouvelle norme qui, selon bien des observateurs, persistera au retour à la normale.

Après la pandémie, il est clair que les employeurs devront adopter une approche plus souple à l’égard du télétravail. Un récent sondage mené par Accenture auprès des employés des services financiers a révélé qu’ils étaient 24 % à vouloir travailler uniquement à la maison après la pandémie, 39 % étant disposés en échange à renoncer à une compensation1. Aussi, 69 % préféreraient se rendre au bureau deux jours ou moins par semaine2. Certaines banques reconnaissent qu’un modèle hybride risque de se généraliser au travail après la pandémie. «En tant que leader, j’ai fait confiance à mes collègues l’an dernier pour diriger la Banque en télétravail, et tous ont très bien répondu. En les obligeant maintenant à travailler cinq jours par semaine au bureau, je trahirais cette confiance», affirme M. Quinn. Il reconnaît cependant que le milieu de travail constitue un terreau propice à la créativité, l’innovation, l’apprentissage et le travail d’équipe. Il est important que les employés entrent régulièrement au bureau. Il ajoute que certains postes ne se prêtent pas au télétravail, qu’il s’agisse des négociateurs à haute fréquence ou des employés des succursales en contact direct avec les clients. Quoi qu’il en soit, il est clair qu’il faut trouver le juste équilibre entre le télétravail et la présence au bureau.

Développement durable : Pas le temps d’attendre

Selon M. Quinn, la COVID-19 a provoqué une large prise de conscience, montrant au monde à quel point l’économie est vulnérable aux catastrophes naturelles. «Nous sommes très chanceux d’avoir des vaccins pour nous sortir de la pandémie. Toutefois, comme la normalité du climat risque d’être révolue, le développement durable est appelé à jouer un rôle plus important», explique M. Quinn. Les principales banques, y compris la HSBC, devront soutenir les clients dans leur transition vers l’objectif zéro émission nette. Si certains voudraient couper complètement les vivres aux entreprises polluantes, M. Quinn est plus nuancé, soulignant l’importance pour les banques d’aider les clients des secteurs à forte intensité carbonique à réduire leurs émissions en finançant l’abandon des combustibles fossiles au profit de technologies plus efficaces, de sources d’énergie plus propres ou même de modèles d’affaires innovants. Il ajoute que des changements sont déjà en cours dans des secteurs à forte intensité carbonique, comme l’automobile, le pétrole, le gaz et l’aviation. Au cours de la conférence Sibos, M. Quinn a signalé que les compagnies aériennes testent l’utilisation de carburant durable sur les vols long-courriers, ce qui pourrait réduire leurs émissions de carbone de plus de 80 %. Les essais sont concluants, mais la capacité de raffinage empêche d’accélérer l’utilisation de ce carburant, précise M. Quinn. Grâce à un engagement éclairé et à un financement astucieux, les banques soutiennent la transition énergétique de nombreux secteurs d’activité.

À la veille de la COP 26 sur le climat prévue ce mois-ci à Glasgow, un certain nombre de banques participent au groupe de travail sur les services financiers [FSTF] de l’Initiative pour les marchés durables sous la présidence de M. Quinn. Dans ce cadre, les banques collaborent afin d’accroître la transparence à l’égard du développement durable et de certains éléments mesurables qui le sous-tendent. Si les engagements en matière de développement durable veulent trouver écho auprès des banques, M. Quinn affirme que le secteur doit proposer une définition scientifique précise de l’objectif zéro émission nette et indiquer comment l’atteindre, une tâche à laquelle s’attache le FSTF. Même si certains croient que l’objectif zéro émission nette est irréalisable, M. Quinn demeure optimiste. «On pensait au départ qu’il faudrait deux ou trois ans pour mettre au point un vaccin contre la COVID-19, mais les scientifiques y sont parvenus en moins de 12 mois. Je crois encore que nous avons la capacité collective d’accélérer le changement et d’atteindre ces objectifs de développement durable», poursuit M. Quinn.

Monnaies numériques : Jeter les bases

L’intérêt pour les monnaies numériques de substitution – comme les cryptomonnaies traditionnelles ou stables et leur équivalent légal soutenu par les banques centrales ou les gouvernements – prend de l’ampleur. M. Quinn affirme que les monnaies numériques n’échappent pas à l’attention de la HSBC, mais il souligne aussi qu’il veut que ces actifs respectent deux critères fondamentaux. Surtout, il rappelle que les opérations en monnaie numérique doivent être entièrement transparentes afin que les banques internationales puissent identifier les acheteurs et les vendeurs et comprendre la nature des intermédiaires dans la chaîne. L’omission d’identifier correctement les contreparties aux opérations numériques qui comportent des paiements transfrontaliers risque de placer les banques en porte-à-faux du point de vue de la conformité et du crime financier. Le deuxième critère d’adoption des monnaies numériques est la convertibilité. «Certaines que l’on présente comme des catégories d’actif sont très volatiles. Ces catégories conviennent à certains clients, mais pas à tous. Les entreprises qui font la promotion de catégories d’actif comme les monnaies numériques ou les cryptomonnaies auprès de clients moins tolérants à la volatilité doivent revoir leur conduite. Ma perception à l’égard des monnaies numériques n’est pas figée, mais je veux comprendre comment elles répondent à ces deux caractéristiques», explique M. Quinn.

Les occasions sont nombreuses

La capacité d’adaptation, la résilience face aux perturbations, le souci du développement durable et la volonté de bien gérer le risque seront essentiels à la prospérité des établissements financiers.

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