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Sibos : Le secteur s’attaque au développement durable

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Témoins directs des bouleversements et des turbulences économiques causés par la pandémie, les participants au marché accélèrent leurs plans d’action en matière de changements climatiques, désireux de faire la transition vers l’objectif zéro émission nette. Le développement durable était un thème important lors de la conférence Sibos 2021, mais quels étaient les principaux points de discussion?

Les émetteurs adoptent le développement durable

Compte tenu de l’intérêt croissant pour le développement durable – et à l’approche de la COP26 organisée à Glasgow par la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques – les émetteurs mondiaux souhaitent délaisser les combustibles fossiles au profit de l’objectif zéro émission nette. Dans son récent «Sondage sur le financement et l’investissement durables 2021 (FID)», la HSBC rapporte que 94 % des entreprises comptent délaisser les modèles d’affaires contestés sur le plan environnemental et social au cours des cinq prochaines années1. La moitié des émetteurs (comparativement à 37 % en 20202) ont aussi indiqué à la HSBC que les changements climatiques affectent leurs activités. Cette hausse souligne l’ampleur des défis auxquels font face les sociétés et les services bancaires. Invité à prendre la parole lors de la conférence Sibos, Noel Quinn, chef de la direction du Groupe à la HSBC, considère que des changements positifs sont déjà en cours dans des secteurs comme l’automobile, le pétrole et le gaz et l’aviation. M. Quinn a signalé que les compagnies aériennes testent l’utilisation de carburant durable sur les vols long-courriers, ce qui pourrait réduire leurs émissions de carbone de plus de 80 %. Toutefois, les raffineries qui transforment et produisent ce carburant n’ont pas encore la taille nécessaire, surtout parce qu’aucune loi n’oblige les compagnies aériennes à utiliser ce type de carburant.

Catalyseurs du changement – investisseurs et organismes de réglementation sont en phase

Selon les intervenants à la conférence Sibos, investisseurs et émetteurs reconnaissent de plus en plus les avantages stratégiques d’adopter les facteurs ESG [environnement, société et gouvernance] dans leurs entreprises, comme en témoigne le sondage FID de la HSBC. À 51 %, émetteurs et investisseurs considèrent que mettre l’accent sur les facteurs ESG est un moyen efficace de renforcer les rendements et de réduire le risque. Ailleurs, la pression des organismes de réglementation favorise aussi le virage vers le développement durable. Les intervenants à la conférence Sibos soulignent que les marchés, y compris en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, exigent que les investisseurs institutionnels publient leur façon d’intégrer les enjeux ESG dans leurs portefeuilles. Ces interventions réglementaires incitent un plus grand nombre d’investisseurs à surveiller la façon dont les émetteurs intègrent les facteurs ESG dans leurs activités.

Les banques centrales examinent aussi les changements climatiques du point de vue du risque systémique. Un conférencier lance une mise en garde : les répercussions potentielles des changements climatiques sur la stabilité bancaire seront probablement beaucoup plus importantes que les défis posés au secteur durant la crise des prêts hypothécaires à risque. Les banques centrales affirment que les institutions financières font face à deux grandes menaces liées aux changements climatiques, soit les risques physiques issus des catastrophes naturelles causées par le climat et les risques transitoires du fait que les politiques de réduction des émissions de carbone pourraient entraîner une hausse des coûts pour les entreprises et diminuer leurs profits3.

Aussi, un certain nombre de banques centrales explorent la possibilité d’imposer des exigences strictes en matière de capital vert aux banques et aux assureurs exposés à des secteurs à forte intensité carbonique. D’autres banques centrales, dont la Banque centrale européenne [BCE] et les organismes de réglementation au Royaume-Uni, effectuent déjà des simulations de crise liées aux changements climatiques pour les établissements financiers. Selon Georges Elhedery, cochef de la direction des Services bancaires internationaux et marchés à la HSBC, les banques centrales doivent trouver un équilibre entre ces simulations et les exigences de fonds propres. Il souligne que si les banques centrales traitent les actifs non verts avec moins de rigueur, les établissements financiers seront moins portés à soutenir la transition vers une économie mondiale zéro émission nette. À l’inverse, il prévient que si les règles sont trop strictes, les banques risquent de devoir retirer tout financement, ce qui pourrait mener les organisations à se tourner vers le marché parallèle, moins réglementé, et les décourager de travailler avec les banques pour entreprendre leur transition.

Le financement change : comment les banques favorisent le développement durable

Les intervenants à la conférence Sibos ont rappelé que les banques jouent un rôle essentiel auprès des entreprises dans leur transition vers l’objectif zéro émission nette. Un certain nombre d’établissements financiers ont mis au point des instruments novateurs de financement vert (obligations, prêts, titrisations, etc). lorsque leur produit est réservé à des projets verts. Les obligations vertes ont gagné en popularité au cours des dernières années et devraient atteindre 500 G$US en 2021. Les experts prévoient que le marché pourrait se chiffrer à 1 000 G$US d’ici 20234.

Par ailleurs, les intervenants à la conférence Sibos ont précisé qu’un certain nombre de banques offrent aussi des prêts et des obligations liés au développement durable. Contrairement aux obligations et aux prêts verts, les prêts et les obligations liés au développement durable ne misent sur pas le modèle du produit, mais imposent plutôt aux emprunteurs un ensemble d’indicateurs de rendement clé (IRC) préétablis et examinés de façon indépendante en matière de développement durable. Selon les conditions de ces opérations, les emprunteurs doivent respecter un ensemble d’IRC pour que les intérêts sur les prêts soient réduits. L’activité sur le marché mondial des prêts verts a été soutenue récemment et représente 350 G$US d’émissions au cours des six premiers mois de 20215, soit un total nettement supérieur à l’offre. Ces outils de financement seront essentiels pour aider les sociétés à faire la transition vers un avenir plus vert.

Les normes et les données sont essentielles

Si les entreprises et les banques veulent atteindre l’objectif zéro émission nette, les normes et les données qui sous-tendent les enjeux ESG et le développement durable doivent être rigoureuses. Pour les intervenants à la conférence Sibos il s’agit d’un problème continu, notamment parce qu’il y a tant de normes concurrentes. Les exemples importants de normes ESG comprennent, entre autres, le projet de taxonomie de l’UE, le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques mis sur pied par le Conseil de stabilité financière, les objectifs de développement durable des Nations Unies et le Greenhouse Gas Protocol. Il faudra homogénéiser toutes ces normes pour réaliser des progrès, au dire des intervenants à la conférence Sibos.

En plus de la multitude de normes, l’absence de données de qualité constitue aussi un obstacle à l’adoption à plus grande échelle des facteurs ESG. Selon le sondage FID de la HSBC, pour 32 % des investisseurs, le manque de données comparables entre émetteurs représente le plus grand défi lié aux facteurs ESG. On tente actuellement de surmonter ce genre d’obstacles. À titre de président du groupe de travail sur les services financiers de l’Initiative pour les marchés durables [FSTF], M. Quinn collabore avec d’autres banques mondiales pour trouver des solutions pratiques et améliorer la clarté et la transparence des initiatives de développement durable. Si les engagements zéro émission nette veulent trouver écho auprès des banques, M. Quinn affirme que le secteur doit en proposer une définition scientifique concrète et indiquer comment ils seront mesurés et réalisés, une tâche à laquelle s’attache le FSTF.

Protéger l’avenir

  • Les pressions exercées par les investisseurs et les organismes de réglementation risquent de forcer les émetteurs à intensifier leurs efforts liés aux facteurs ESG.
  • En proposant des solutions de financement astucieuses, les banques peuvent jouer un rôle essentiel dans la promotion du développement durable auprès de leurs entreprises clientes.
  • Des normes et des données détaillées seront essentielles pour atteindre les objectifs ESG.

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