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COVID-19 et immobilier canadien : répercussions sur le secteur

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Les chefs de file du secteur immobilier racontent leur expérience directe, expliquent comment ils ont géré leur entreprise et disent à quoi s’attendre dans les années à venir.

L’immobilier est depuis longtemps un moteur de l’économie canadienne, contribuant plus de 20 % au PIB et employant plus d’un demi-million de Canadiens, directement ou indirectement. Lorsque la COVID-19 est arrivée au Canada, comment le secteur a-t-il réagi et quelle est l’incidence à court et à long terme sur le secteur immobilier?

Un récent webinaire de la HSBC a réuni un groupe représentatif de chefs de file du secteur pour discuter de l’incidence du coronavirus sur leurs affaires et leur secteur et des mesures qu’ils ont prises pour gérer cette situation, et a sollicité leur perspective quant aux conséquences à venir sur le secteur.

En s’adressant au webinaire, Brian McCauley, président et chef de la direction de Concert Properties, a dit que la gestion de la pandémie repose sur une approche en trois étapes : sécurité, soutien et reprise.

L’étape de la sécurité consistait à s’assurer qu’on s’occupait de tous les employés, résidents et travailleurs. C’était particulièrement urgent dans les collectivités conçues pour les personnes âgées, a-t-il dit, tout en veillant à la sécurité de tous les chantiers de construction actifs. Concert a donc dû mettre en œuvre rapidement de nouveaux protocoles et de nouvelles procédures pour garantir la sécurité des établissements, respecter les règles de distanciation physique et mettre en œuvre des protocoles améliorés en matière de santé et de sécurité. La plupart des employés ont pu travailler de la maison et cette transition s’est déroulée en douceur à Concert Properties, selon M. McCauley, puisque l’entreprise avait déjà investi dans la technologie permettant le télétravail.

À l’étape du soutien aux locataires commerciaux et résidentiels, nous avons eu une communication constante avec les locataires, notamment en leur donnant des directives claires sur l’accès aux programmes de soutien provinciaux et fédéraux. Concert a lancé des services de livraison de nourriture pour les personnes qui ne pouvaient pas quitter leur logement, et mis sur pied des villages virtuels afin que les résidents puissent établir des liens avec d’autres locataires vivant dans le même immeuble et les soutenir.

M. McCauley raconte que l’étape de la reprise a consisté à établir des protocoles pour assurer la réussite de la réouverture et le respect de ces protocoles, tout en s’adaptant et en continuant d’adopter la technologie, y compris les visites virtuelles en ligne pour les locataires éventuels.

D’autres chefs de file du secteur disent avoir adopté une approche semblable. Dans le cas de Timbercreek, son plan en trois étapes a commencé par l’évaluation de son portefeuille diversifié. Selon le directeur général Michael Tsourounis, l’approche de la société s’est inspirée en partie des leçons apprises grâce à sa présence en Asie, ce qui a aidé l’entreprise à se préparer à ce qui pointait à l’horizon pour le secteur au Canada, lors de l’arrivée de la pandémie et la fermeture de l’économie. La société emploie plus de 600 employés de première ligne qui soutiennent des milliers de locataires pour s’assurer qu’ils sont en sécurité et productifs.

Reliance Properties a immédiatement opté pour le télétravail, puis a commencé à communiquer plus fréquemment avec les résidents et à soutenir les locataires en les aidant à comprendre les divers programmes de soutien gouvernementaux et à y accéder. «Soixante pour cent des membres de l’équipe sont déjà de retour au bureau et suivent les protocoles de sécurité établis», affirme Jon Stovell, chef de la direction de l’entreprise.

Pour Slate Office REIT, dont l’âge moyen des employés n’est que de 31 ans, l’entreprise a utilisé la crise comme une occasion de formation, les jeunes employés apprenant comment maintenir une communication proactive avec les clients en étant adaptables et réceptifs. «Nous avons essayé de maintenir la grande motivation de nos employés tout au long de cette période éprouvante en organisant des rencontres sociales, comme des cours de cuisine et de conditionnement physique auxquels ils pouvaient participer à distance», explique Steve Hodgson, chef de la direction de Slate Office REIT.

Tous les participants au webinaire ont convenu que, parallèlement à l’accent accru mis sur le soutien aux employés et aux résidents, une des priorités à court terme parmi les plus urgentes consistait à gérer soigneusement les flux de trésorerie durant le pire de la pandémie.

Qu’est-ce qui s’en vient et quoi de neuf?

Il s’agit d’une période critique pour tous les secteurs. Pour les intervenants du secteur immobilier, la capacité d’adaptation, la souplesse et l’ouverture au changement passent à l’avant-plan.

Toutefois, M. Stovell de Reliance soutient qu’il est aussi important de noter que les situations extrêmes que nous avons connues au cœur de la crise du coronavirus ne devraient pas nécessairement déterminer la voie à suivre. «Il est important de ne pas mesurer la vitesse moyenne des vents au milieu d’un ouragan», a-t-il dit.

Et même si la promesse d’un mode de travail complètement remanié favorisant exclusivement le télétravail est une thèse qui a le vent dans les voiles, M. Tsourounis de Timbercreek a souligné que le bureau joue toujours un rôle essentiel dans la collaboration et l’établissement de relations durables qui ne peuvent être reproduites sur un écran. Les réunions du personnel de bureau sont avantageuses pour les équipes de l’entreprise; de plus, la socialisation est un autre facteur important dans l’établissement d’une culture d’entreprise difficile à mettre en place virtuellement, a-t-il ajouté.

De plus grands bureaux avec moins de personnel, des ascenseurs et des portes à commande vocale et un boycottage ferme de la poignée de main vigoureuse feront probablement partie du milieu de travail dans un avenir rapproché, affirme M. Stovell, mais cela pourrait changer à long terme. Toutefois, les visites guidées virtuelles pour les locataires et les paiements électroniques des loyers, qui sont des applications pratiques dans les bons comme dans les mauvais moments, vont fort probablement rester pour de bon.

Le secteur de l’hôtellerie se rétablira-t-il un jour de la COVID-19?

Peu de secteurs ont souffert aussi rapidement de la pandémie de coronavirus que le secteur de l’hôtellerie.

Selon George Kosziwka, chef des finances de InnVest Hotels, les mesures de confinement, les interdictions de voyager et les craintes sanitaires dès le début de la pandémie ont forcé des entreprises comme la sienne (à l’instar d’innombrables autres propriétaires et exploitants d’hôtels) à mettre à pied
80 % de son effectif.

InnVest a pu réaliser des économies en renégociant certains contrats avec des fournisseurs, ce qui a permis de réduire les coûts d’exploitation à court terme. L’entreprise a aussi demandé la Subvention salariale d’urgence du Canada, en plus de recourir à des programmes de soutien de la BDC et d’EDC pour obtenir une aide financière indispensable.

Comme les réservations sont beaucoup moins nombreuses, l’entreprise a utilisé ses ressources pour aider les personnes dans le besoin, notamment en offrant des séjours aux travailleurs de la santé de première ligne, aux Canadiens de retour au pays qui ne pouvaient pas s’isoler à la maison et aux travailleurs saisonniers qui avaient besoin d’un logement.

«L’Association des hôtels du Canada a joué un rôle déterminant en collaborant avec le gouvernement pour concevoir des programmes de soutien indispensables», affirme M. Kosziwka.

Même si l’ensemble du secteur a été soumis à des pressions incroyables, il y a de la lumière au bout du tunnel. InnVest a fermé 25 de ses hôtels au plus fort de la pandémie et depuis, a rouvert cinq établissements en mai, cinq autres en juin et prévoit ouvrir les autres en juillet et en août.

Dans les années à venir, selon M. Kosziwka, les hôtels devraient avoir des procédures améliorées de nettoyage des chambres, éliminer les aires de petit déjeuner et de buffet, passer à des procédures d’enregistrement et de départ sur appareil mobile pour limiter les interactions en personne et prévoir des portes et ascenseurs sans clé pour éviter aux clients de devoir appuyer sur les boutons d’appel des étages.

À court terme, vu la persistance des craintes considérables entourant les voyages à l’étranger, l’augmentation probable des voyages au pays, comme de courts voyages en voiture que peuvent faire les Canadiens pour se divertir, marquera probablement une autre tendance qui aidera le secteur hôtelier en difficulté à se redresser plus rapidement que certains pourraient s’y attendre.

En résumé, le secteur de l’immobilier a réagi rapidement et adopté de nouvelles approches en réponse à la COVID-19. Il s’est concentré sur le soutien et la sécurité des clients, locataires, acheteurs et employés. La crise a mis à l’épreuve la résilience des personnes et des entreprises en voie d’adaptation, en plus d’offrir une occasion d’apprentissage, ce qui sera essentiel alors que le Canada rouvre et s’engage dans la phase de reprise.

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